Ce lieu a changé ma vie


Reader,

J'espère que tu vas bien.

Aujourd'hui, je te propose un autre format.

J'aimerais te raconter un bout de ma vie d'entrepreneuse. Des hauts et surtout des bas.

Pas pour papoter, mais parce que je sais qu'on est nombreuses à vivre les mêmes choses.

Et, comme je t'ai promis qu'ici on partageait notre vulnérabilité sur le Divan, à mon tour de te livrer mes galères (et mes leçons).

Bienvenue dans ce format : Nina sur le Divan


En 2022, j’ai accouché, et, quasiment instantanément, mon appartement s'est transformé en un lieu d’épuisement et de stress.

Je me souviens de cette sensation étouffante en rentrant chez moi : du linge partout, des jouets éparpillés au sol, et cette petite voix intérieure « Ce n’est pas normal, Nina, tu devrais être capable de gérer ».

Mon fils, que j’aimais plus que tout, était gardé à domicile H24.

Quand je travaillais depuis mon salon, j’étais constamment interrompue, submergée par les pleurs, les cris, les sollicitations. Chaque bruit devenait insupportable. Je me sentais prise au piège dans ma propre maison.

Alors, pour m’échapper, j’avais décidé de louer un bureau, persuadée que cela réglerait tout.

À ce moment-là je me suis dit que le meilleur choix serait un bureau fermé en sous-sol, sans fenêtre, facturé 700€ par mois (pas très cher pour un bureau fermé de 4 personnes à Paris).

J’étais convaincue qu'il ne fallait pas payer cher. Ce serait irresponsable d'investir davantage pour mon confort.

Alors chaque jour, je descendais dans cette pièce sombre, espérant me ressourcer alors qu’elle me tirait encore plus vers le bas.

Je ressentais une culpabilité immense :

  • Celle de ne pas réussir à tenir un appartement propre comme je l'aimerais.
  • Celle de ne pas aimer avoir mon fils constamment avec moi.
  • Celle de ne pas me contenter du bureau que j'avais déjà.

Un matin pourtant, mon amie Caroline, voyant bien que je sombrais, m’a invitée à venir travailler chez elle pour respirer un peu.

Ce jour-là, j’ai redécouvert ce qu’était l’espace, la lumière naturelle, le silence.

Quelques semaines, j'installais mon bureau dans un 45m² en plein cœur du 11e arrondissement, avec une terrasse de 30m² décorée selon mes goûts.

Depuis, c’est devenu mon sanctuaire, un endroit où personne n’entre ni ne sort sans mon accord explicite.

  • J'y passe des après-midi à lire,
  • Je reçois des entrepreneuses de qualité pour discuter,
  • Je crée, j'écris

Je n'ai jamais à penser à la vaisselle, au linge ou à qui que ce soit d'autre que MOI.

Depuis ce jour, ma qualité de vie a radicalement changé.

Parmi toutes les actions que j'ai mises en place pour aller mieux après mon accouchement (et dans mon business) c'est de LOIN celle qui m'a le plus aidée.

C’est exactement ce dont parlait Virginia Woolf lorsqu’elle écrivait qu’une femme devait avoir « une chambre à soi ».


« Une chambre à soi » : pourquoi la société refuse aux femmes un espace personnel

1. Deux conditions vitales selon Virginia Woolf

Dans Une chambre à soi (1929), Virginia Woolf affirme que pour créer, penser ou entreprendre, une femme a besoin de deux choses :

  • Un espace physique privé :
    Un lieu où elle peut fermer la porte, être seule, libre de tout jugement ou justification.
  • Une autonomie financière réelle :
    Un revenu indépendant qui l’affranchit d’un partenaire, d’une famille, ou du regard extérieur.

Ces conditions sont essentielles. Sans elles, aucune femme ne peut pleinement se connaître ni libérer son potentiel créatif ou entrepreneurial.


2. Comment la société nous vole cet espace

Aujourd’hui encore, beaucoup de femmes (et notamment des entrepreneuses que je côtoie) sont privées de cet espace personnel essentiel. Pourquoi ?

La charge domestique invisible

Les femmes assument la majorité du travail domestique non rémunéré : ménage, organisation familiale, rendez-vous médicaux, soins aux enfants. Cette charge invisible rend impossible l’isolement véritable.

Je connais une entrepreneuse tellement étouffée par son quotidien domestique qu'elle passe plusieurs heures par jour au café en bas de chez elle, juste pour respirer.

L’injonction à la disponibilité permanente

Nous devons constamment être accessibles mentalement et physiquement pour répondre aux attentes familiales, sociales et professionnelles. Si nous fixons des limites, nous culpabilisons, convaincues d'être mauvaises managers.

J’ai personnellement vécu cette absence totale de limites. En décembre dernier, je passais des journées entières en appels avec mes prestataires alors que je déteste ça. Résultat : épuisée, incapable de sortir de mon lit du vendredi au dimanche.

Aujourd’hui, je limite drastiquement mon temps d’appel, et personne ne pénètre mon espace de travail sans autorisation.


3. Pourquoi cette privation d’espace prolonge la domination masculine

Cette absence d’espace personnel n’est pas anodine : c’est une stratégie sociale puissante de maintien des femmes sous domination.

Priver d’espace, c’est priver de pouvoir

Sans lieu à soi, les femmes ne peuvent pas réfléchir profondément, créer librement, ou innover pleinement. Leur potentiel reste entravé par les obligations extérieures.

Nourrir la culpabilité et l’autocensure

Lorsqu’une femme ose prendre un espace personnel, elle est immédiatement taxée d’égoïste ou d’irresponsable. Cette culpabilité intériorisée empêche les femmes de revendiquer leur autonomie.

Maintenir une dépendance économique

Sans indépendance financière, les femmes restent sous tutelle économique (partenaire, famille). Cette dépendance fragilise leur position et réduit drastiquement leur liberté de choix.


Conclusion : S’approprier notre espace est politique

En lisant Woolf, j’ai compris que la culpabilité ressentie à l’idée d’avoir un bureau personnel n’était pas anodine, mais politique. Décider d’investir dans cet espace a été l'une des décisions les plus puissantes de ma vie.

Aujourd’hui, ce bureau constitue l’un des principaux investissements de mon entreprise. Ce lieu est dédié à mon bien-être, à ma créativité et à mon développement.

Reprendre notre espace n’est pas un luxe : c’est un acte profondément politique.

Reader, j’espère que cet e-mail t’a plu.

Comme tu le sais, Le Divan des Patronnes est mon tout nouveau projet, et vous êtes déjà +1.600 à me lire.

Si tu penses que cet article peut intéresser une autre entrepreneuse géniale (comme toi), transfère-lui cet e-mail.

À très vite,